Plus d’une femme sur 2 souffre de douleurs lors des règles.
Ces douleurs peuvent être d’intensité très variées. Pourtant, peu de femmes se plaignent de ces douleurs qui ne sont pas physiologiques.
Ainsi, il est important de garder en tête qu’une sensation désagréable à type de crampe peut survenir momentanément et sans avoir d’impact sur votre quotidien. Mais si vous présentez des symptômes plus marqués, il faut en parler.
Les sensations en rapport avec la sphère gynécologique ne devraient pas être spécialement douloureuses.
Définitions et anatomie des dysménorrhées
Les douleurs avant et pendant les règles s’appellent dysménorrhées dans le langage médical. Elles concernent les douleurs liées à une trop forte contraction du muscle utérin et/ou à son défaut de vascularisation.
En effet, à la fin du cycle, l’endomètre (qui est la couche interne de l’utérus) desquame suite à la chute hormonale. C’est ce qui marque le début des règles et les saignements. Pour aider à l’évacuation de ce nid qui n’a pas reçu d’ovule fécondé, le muscle utérin (= myomètre, ie la partie moyenne de l’utérus) se contracte. Ce sont ces contractions utérines qui peuvent être douloureuses.
Dernier détour anatomique avant de retourner auprès de notre sujet : l’utérus est fixé au bassin osseux par 6 ligaments :
- 2 en avant : les ligaments ronds
- 2 sur les côtés : les ligaments larges. Ils fixent l’utérus sur les ailes iliaques et contiennent les artères utérines et le plexus veineux qui permettent de vasculariser le muscle utérin.
- 2 en arrière : les ligaments utéro-sacrés. Ils fixent l’utérus au sacrum et permettent le trajet des fibres nerveuses qui régulent notamment l’activité contractile du muscle utérin.
Les douleurs menstruelles sont donc entendues comme étant des douleurs abdominales basses médianes à type de crampe qui peuvent s’accompagner de :
- Irradiation dans le bas du dos et dans les cuisses,
- Maux de tête,
- Diarrhée,
- Vomissement, ...
Les douleurs avant règles de type ballonnement, congestion mammaire, irritabilité et acné font partie de ce qu’on appelle plutôt le Syndrome Pré-Menstruel.
Causes possibles des douleurs de règles
Les douleurs menstruelles peuvent avoir plusieurs origines :
- Mécanique
- Les ligaments utérins maintiennent l’utérus en position centrale dans le petit bassin osseux. Lors des contractions utérines, une contrainte est appliquée via ces ligaments à la structure osseuse qui devrait être libre de ces mouvements. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez ressentir des douleurs au niveau du bassin, des hanches, ou du bas du dos.
- Les adhérences viscérales issues d’une chirurgie, d’une infection gynécologique ou d’une endométriose vont être mises sous contrainte lors de ces contractions utérines. Elles peuvent alors déclencher des douleurs.
- Vasculaire
- Soit la contraction utérine est trop forte et comprime les petits vaisseaux sanguins qui assurent la nutrition et la respiration de cellules musculaires : on parle d’hypoxie tissulaire. Elle augmente alors le niveau de douleur.
- Soit il y a déjà un terrain de congestion vasculaire du petit bassin avec des symptômes de type jambes lourdes et/ou hémorroïdes. Il se peut que cela s’accompagne d’une congestion pelvienne veineuse voire de varices pelviennes. Cette congestion du petit bassin est alors augmentée mécaniquement par l’utérus qui est « gros » en fin de cycle et avant les règles. Les règles soulagent alors les douleurs.
- Nerveuse
- La contraction du myomètre utérin est commandée par des fibres nerveuses dites autonomes. Elles sont issues de plexus nerveux du petit bassin. Une congestion, une tendance à la constipation, une dysfonction articulaire sacrée peuvent provoquer une irritation de ces fibres et donc une contraction plus importante de l’utérus lors des règles.
- Inflammatoire
- Les prostaglandines sont des molécules qui sont émises lors d’une inflammation. Ainsi toute inflammation locale (infection génitale, intolérance alimentaire, …) va entraîner la présence de ces molécules dans le petit bassin. Or ces molécules stimulent la contraction utérine.
Que propose la médecine dans le cas de ces dysménorrhées ?
Il vous faut consulter un médecin en priorité si vous avez les signes suivants :
- De la fièvre, des pertes vaginales, des pertes menstruelles anormales,
- Des douleurs de règles non soulagées par l’automédication,
- Des saignements entre les règles.
Une fois les causes pathologiques écartées, on peut vous proposer des antispasmodiques comme le SPASFON. Le but de ces médicaments est de diminuer l’intensité des contractions utérines. Ils vont aussi diminuer l’activité péristaltique de l’intestin et peuvent donc avoir un effet sur les diarrhées accompagnant certaines règles.
Dans un deuxième temps, on peut vous proposer des anti-inflammatoire non stéroïdiens (tout ce qui finit en -fène). Ces AINS ont pour objectif de diminuer le taux de prostaglandines présentes dans l’environnement utérin.
Enfin, si les douleurs sont chroniques et qu’il n’existe pas d’origine identifiée telle que : adhérences, endométriose, kyste ovarien, adénomiose, fibrome, infection gynécologique, … Dans ce cas, on vous proposera probablement la pilule contraceptive afin de réguler vos cycles via des hormones de synthèse.
Comment l’ostéopathie peut-elle vous aider avec vos douleurs menstruelles ?
Maintenant que vous comprenez mieux comment et pourquoi certains facteurs influencent vos douleurs de règles, il est plus facile de comprendre l’intérêt de l’ostéopathie pour diminuer voire régler vos douleurs menstruelles.
L’ostéopathe va d’abord avoir une vision globale de votre corps et s’attachera dans un premier temps à corriger tout ce qui pourrait ajouter de la contrainte sur votre bassin : posture voutée, dysfonctions viscérales, …
Puis il s’agit de vérifier l’état de votre système hormonal qui a un grand impact sur votre cycle et donc sur vos règles : comment est votre sommeil ? A combien coteriez-vous votre état de forme sur 10 ? Est-ce-que vos cycles sont réguliers et non douloureux ?
Enfin, il s’agit de vérifier la mobilité de vos lombaires, de votre bassin mais aussi des systèmes ligamentaires de l’utérus et de son environnement.
La dernière étape sera de vérifier les systèmes vasculaire et nerveux qui intervient dans le processus des règles.
Ce travail peut s’articuler sur 1 à 3 séances selon les patients, puis un suivi périodique est envisageable.
Conseils de votre ostéopathe pour soulager vos douleurs de règles
Le premier conseil que je donne à mes patientes, est l’application d’une bouillotte lors des pics de douleur. On limite cette application de chaud qui détend les muscles à 10 minutes car ça augmente les saignements et l’inflammation s’il y en a une. Mais c’est souvent très agréable.
Le deuxième conseil est la tisane de feuilles de framboisier. Elle aide à de nombreuses fonctions féminines ! C’est LA tisane à avoir à la maison. Et donc vous pouvez en prendre pendant la période douloureuse.
Ensuite, j’utilise de l’huile essentielle d’estragon : 1 goutte sur la peau au niveau de la douleur. C’est un antispasmodique puissant (et qui sent fort…).
On peut proposer aussi des exercices doux tels que la marche, des étirements ou du yoga pour diminuer les congestions pelviennes.
Et enfin, je vous propose aussi d’essayer l’exercice respiratoire de la fausse inspiration thoracique qui masse doucement l’utérus.
D’autres thérapeutiques se révèlent également efficaces comme l’acupuncture.
Le yoga et la méditation sont des pratiques très plébiscitées dans la gestion de la douleur de même que la sophrologie.
SOURCES
- Ageron-Marque, C. (2000). Guide pratique d’ostéopathie en gynécologie. Bruxelles, Satas.
- https://www.sciencesetavenir.fr/sante-maladie/regles-douloureuses-dysmenorrhees-causes-et-traitements_104667
- Les dysménorrhées et leur traitement médical : http://www.cngof.asso.fr/d_livres/2005_GM_137_pelissier.pdf
- Conseils pour automédicamentation : https://lasante.net/fiches-conseil/automedication/problemes-feminins/regles-douloureuses.htm
- Image : https://www.doctissimo.fr/html/dossiers/cancer_col_uterus/11118-cancer-col-cancer-corps-uterus.htm