Officiellement, on considère que 10% des personnes présentent un problème de thyroïde. Mais ceci est la portion pathologique. Quand on considère les signes évoquant un trouble de la thyroïde, 60% des patients sont probablement touchés.
Si les dysfonctions de thyroïde sont si difficiles à identifier c’est que cette glande influe sur une multiplicité de fonctions et d’organes : température corporelle, humeur, poids, vitalité, croissance, vie sexuelle, …
C’est aussi pour cette raison que la tester et en parler est souvent important lors de nos consultations. Faisons donc le point sur cette glande hormonale!
Qu’est-ce que la thyroïde ?
La thyroide est une glande hormonale située à la base de la gorge.
Comme toutes les glandes hormonales, son rôle est de produire des hormones, c’est-à-dire des messagers chimiques qui vont être véhiculés par le sang vers des organes cibles.
Elle est située en avant des 5e et 6e vertèbres cervicales. Et elle est ensachée dans une gaine fasciale fixée sous l’occiput (à la base du crâne), sur le sternum et les premières côtes. Cette gaine est tendue latéralement par les muscles omo-hyoïdiens. Ainsi, la thyroïde va exercer et subir des contraintes mécaniques dans toute la zone cervicale et thoracique haute.
Sa vascularisation, d’autant plus importante qu’on parle ici d’une glande hormonale, dépend des artères carotidiennes et subclavières et des veines jugulaires et tronc brachio-céphalique. C’est-à-dire que cette glande est vascularisée et drainée par les gros vaisseaux sanguins de la zone cervico-dorsale.
En ce qui concerne son contrôle nerveux, il essentiellement porté par des branches du nerf vague.
Quelles sont ces hormones thyroïdiennes?
La thyroïde produit plusieurs hormones sous le contrôle de l’hypothalamo-hypophyse. L’hypophyse transmet une hormone appelée TSH qui donne l’ordre à la thyroïde de produire des hormones thyroïdiennes.
Parmi ces hormones thyroïdiennes, les plus surveillées et considérées sont les hormones T3 et T4. Ce sont des molécules produites à partir d’iode, un oligo-élément fournit par l’alimentation (algues, poissons et crustacé, sel iodé). La thyroïde produit en moyenne 20% de T3 et 80% de T4.
- La T3 est une hormone dite active car elle se fixe directement aux organes cibles pour délivrer son message.
- La T4 est dite non active car elle n’a pas beaucoup d’action sur les organes. Elle est convertie par le foie et les reins en T3. Cette conversion se fait grâce à des co-facteurs tels que le zinc, le manganèse, le magnésium ou la progestérone. Et elle nécessite par-dessus tout du sélénium. On notera dès maintenant qu’un environnement stressant (riche en cortisol) va induire une conversion de la T4 en rT3.
- Cette rT3 est une version moins active que la T3. Un taux trop important de rT3 va donc donner des signes d’hypothyroïdie alors que la TSH et le fonctionnement thyroïdien sont corrects.
- Une autre hormone, qui est essentielle également mais peu surveillée, est la thyrocalcitonine. Cette dernière régule la minéralisation du corps en ordonnant le stockage du calcium présent dans le sang vers les os notamment.
Quelles actions ont-elles dans le corps ?
Le rôle de la thyroïde est de réguler le niveau d'énergie active du corps en fonction des besoins du patient.
Nous parlerons ici de la T3, forme active des iodothyronines (hormones thyroïdiennes à base d’iode). Son action est multiple et c’est pourquoi le tableau clinique d’une dysfonction de la thyroïde va atteindre absolument tout le corps.
Elle a notamment pour effet de :
- Augmenter la température corporelle. C’est LE signe que l’on retrouve le plus fréquemment. Une frilosité chronique nous fait souvent penser à un déficit thyroïdien ;
- Favoriser la croissance des os, dents et du système nerveux ;
- Augmenter les fonctions vitales des muscles, du cœur, du tube digestif et du transit ;
- Favoriser la fonction du foie notamment dans son rôle d’élimination des toxines ;
- Favoriser la fonction des reins en augmentant son rôle de filtration du sang ;
- Harmoniser la sécrétion hormonale des glandes sexuelles.
Quels sont les symptômes d’un dérèglement de la thyroide ?
Nous l’avons déjà dit, la thyroïde influence de nombreuses fonctions et le tableau des signes cliniques va être très varié. Je vous mets ici un tableau informatif. Mais il faut comprendre que les tableaux cliniques sont rarement complets et parfois un élément peut même aller dans le sens inverse. On peut en effet avoir une personne en surpoids avec une hyperthyroïdie.
Pour autant, c’est bien la clinique qui prime. En effet, les dosages biologiques sont souvent incomplets et ils ne nous donnent une vérité vraie qu’à un instant très précis. Ainsi, si vous avez
- Une baisse de la température corporelle,
- une fatigue inhabituelle,
- une perte ou une prise de poids inexpliquée par votre régime alimentaire,
- une perte de cheveux anormale,
consultez un médecin pour en parler.
Vous avez un doute sur la nécessité d’investiguer une dysfonction thyroïdienne ? Je vous propose de faire un quiz ici.
Si vous arrivez à un total de 25 points ou plus, n’hésitez pas à l’amener chez votre médecin, naturopathe ou ostéopathe.
Comment savoir si j'ai un problème de thyroïde?
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Si vous arrivez à un total de 25 points ou plus, n’hésitez pas à l’amener chez votre médecin, naturopathe ou ostéopathe.
QUIZ Thyroïde
Télécharger le quiz pour la thyroïdePourquoi la thyroïde peut-elle dysfonctionner ?
Les causes sont multiples. Je vais passer ici les pathologies médicales pour ne parler que des dysfonctions fonctionnelles. Et nous allons surtout évoquer les causes les plus courantes. Mais c’est aussi le travail de votre équipe thérapeutique d’identifier les causes possibles.
Une hypothyroïdie peut être causée par :
- tabagisme,
- consommation importante d’aliments goitrogènes tels que les crucifères ou la patate douce. Ils empêchent la thyroïde d’utiliser de façon optimale l’iode. On notera que la cuisson neutralise l’effet goitrogène de ces aliments.
- Carence ou excès en iode,
- Exposition à des perturbateurs endocriniens (plastiques, pesticides, produits cosmétiques)
- Carences nutritionnelle en iode, magnésium, sélénium, fer, zinc, manganèse, Vitamine B12, Vitamine D, Vitamine A, Oméga 3…
- Obésité
- Insuffisance rénale, hépatique, diabète
- Excès de caféine
- Jeûne et régimes hyperprotéinés….
- Désequilibre hormonal au niveau des surrénales, des glandes sexuelles ou du pancréas
- En Post-partum ou en péri-ménopause ; La thyroïde présente des récepteurs à la progestérone qui est donc essentielle pour son fonctionnement. Ces 2 périodes de vie sont marqués par une baisse importante et brutale du taux de progestérone. Il s’ensuit une période d’adaptation hormonale qui peut conduire à une hypothyroïdie fonctionnelle temporaire. Dans ces cas précis, l’ostéopathie ainsi que la naturopathie peuvent particulièrement vous soutenir.
J’en profite pour faire un aparté sur la thyroïdite d’Hashimoto. Il s’agit d’une maladie auto-immune où des anticorps produits par le patient se mettent à attaquer sa propre thyroïde. Dans ce cas précis, avant de soutenir la fonction thyroïdienne, il faut identifier pourquoi le système immunitaire du patient s’est emballé. C’est une enquête à part entière qui nécessite une prise en charge adaptée.
Quant à l’hyperthyroïdie, elle serait plutôt une conséquence de :
- Un nodule thyroïdien ; J’en profite pour souligner qu’un nodule thyroïdien est parfois difficilement palpable et que des signes d’hyperthyroïdie nécessitent plutôt une échographie.
- Un défaut de vitamines et minéraux.
- Une exposition à des polluants environnementaux.
Qui aller voir pour un problème de thyroïde ?
Selon l’intensité du dérèglement, on ira voir :
- Son médecin en priorité. C’est lui qui déterminera s’il est important de faire un dosage sanguin des hormones hypophysaires et thyroïdiennes. Lors de l’auscultation, il pourra aussi percevoir le volume de la thyroïde et d’éventuels nodules. On notera que le médecin s’intéresse à la pathologie. Le déséquilibre qui reste dans une tranche de valeurs fixées n’engendrent pas de prise en charge médicale.
- Néanmoins, si vous présentez des signes de dysfonctionnement thyroïdien et que vos bilans sont à la limite de la fourchette (TSH au-dessus de 2 ou en-dessous de 1), une prise en charge chez un naturopathe (pour rechercher dans votre quotidien les sources de ce dérèglement et pour soutenir la fonction thyroïdienne avec des compléments alimentaires) et un ostéopathe peuvent s’avérer très efficaces.
Comment l’ostéopathie peut-elle m’aider à rééquilibrer le fonctionnement de ma thyroïde ?
Nous avons vu que la thyroïde se situe dans une zone de carrefour avec un environnement dense de vertèbres, tissus mous, muscles, nerfs et vaisseaux sanguins. Le but de votre ostéopathe est de vérifier que tous ces éléments sont bien libres de leur mouvement les uns par rapport aux autres. C’est de ce mouvement que dépend le fonctionnement de la thyroïde, son irrigation sanguine et sa commande nerveuse.
Mais votre ostéopathe va également investiguer plus loin cette dysfonction thyroïdienne :
- Y-a-t-il un trouble postural global sur votre chaîne antérieure qui impacte la thyroïde ?
- Est-ce que votre crâne présente des dysfonctions centrales qui impactent le système hypothalamo-hypophysaire ?
- Comment se portent vos surrénales, elles qui produisent les hormones du stress ?
- Qu’en est-il de votre cycle menstruel et de la production en progestérone ?
- Dans quel état sont vos intestins ? Existe-t-il une agression chronique à ce niveau ?
- Les reins sont-ils en souffrance?
- Comment se porte votre pancréas ?
Cette vision globale du fonctionnement de la thyroïde et de ses interactions aussi bien anatomiques que physiologiques permettent à l’ostéopathie d’avoir une bonne efficacité sur ces problématiques.
Quels sont les conseils pratiques que je peux mettre en place en cas de dysfonctionnement de la thyroide ?
Dans le cas d’une hypothyroïdie, le cas le plus répandu, il est bon de revoir les bases de votre quotidien hygiéno-diététique :
- L’exercice physique stimule la sécrétion d’hormones hypothalamo-hypophysaire qui stimulent la thyroïde. 30 min d’activité physique (je ne parle même pas de sport, de la marche fonctionne déjà très bien). Et comme je suis fan de yoga, j’en profite pour vous pousser une vidéo d’une séance de Yoga réalisée par Delphine MARIE autour de la santé de la thyroïde. Elle explique bien la façon de se placer. Mais attention aux postures du poisson et de la chandelle !
- L’alimentation. On en parle souvent mais c’est la base. Il faut savoir qu’une hyperglycémie chronique s’oppose à cette sécrétion hormonale. Ainsi, les profils propices à la résistance à l’insuline et au diabète nécessitent d’abord une rééquilibration alimentaire. De plus, j’ai bien insisté dans les paragraphes précédents sur le fait que le fonctionnement de la thyroïde nécessite des apport en minéraux, vitamines et oligo-éléments qui sont disponibles avec une alimentation saine et variée. Enfin, il est à noter que les apports en iode et sélénium doivent être équilibrés sous peine d’engendrer eux-mêmes des troubles thyroïdiens.
- Un sommeil de qualité est la base d’un fonctionnement hormonal global équilibré. Quand ce n’est pas le cas, cela nécessite une prise en charge spécifique.
- Les perturbateurs endocriniens tels que le fluor, le chlore ou le brome perturbent l’activité de la thyroïde. C’est aussi le cas des métaux lourds. Identifier les sources de pollution dans votre environnement semble difficile mais concentrez-vous déjà sur les produits ménagers, les produits cosmétiques et l’alimentation.
SOURCES
- Conférence Thérascience d’Amaël Mallemont;
- Livre et formation de Nathalie Camirand : Dysfonctions glandulaires et nerveuses