Le syndrome des ovaires polykystiques est une maladie encore méconnue des praticiens de santé comme du grand public. Pourtant il touche 1 femme sur 7!
Revenons ensemble sur ce syndrome, ce qu'on en sait pour le moment et comment vous pouvez agir pour retrouver un équilibre de santé.
Qu'est ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?
Le syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) est un ensemble de symptômes gynécologiques et endocriniens.
En fait il s’agit d’un déséquilibre hormonal qui peut avoir différentes sources et qui va impacter le fonctionnement des ovaires. Cela va résulter notamment en l’augmentation de la sécrétion des androgènes par les ovaires.
Les critères de Rotterdam sont les critères qui permettent de poser le diagnostic de cette maladie :
- Oligo ou anovulation (c’est-à-dire un trouble ou une absence d’ovulation avec donc des troubles du rythme du cycle, cycles trop longs ou irréguliers)
- Hyperandrogénisme : C’est un excès d’hormone testostérone et DHEA ; ces hormones sont produites par les glandes surrénales, les ovaires et le tissu adipeux. On voit ces excès lors d’un bilan sanguin mais on peut avoir des indices avec une pilosité qui se développe de façon particulière.
- Présence de plus de 12 follicules par ovaire. Ce critère est visible sur une échographie endovaginale et montre que la maturation des follicules est perturbée : trop de follicules commencent à maturer à chaque cycle mais aucun n’arrive à prendre le dessus et à maturer suffisamment pour donner une ovulation de qualité.
Il faut 2 de ces 3 critères pour être qualifié de SOPK. Ainsi, en cas de suspicion de SOPK, il faudra réaliser une prise de sang et éventuellement une échographie pelvienne.
Une fois le diagnostic posé, les patientes sont peu ou pas informées sur ce syndrome. Pourtant, il s’agit d’une maladie chronique qui nécessite donc de faire des ajustements dans votre quotidien pour éviter à terme des problèmes médicaux de type cardio-vasculaire ou diabète.
Cette pathologie chronique est diagnostiquée aujourd’hui chez 1 femme sur 7 (1 femme sur 5 aux États-Unis).
Quels sont les signes cliniques qu’on peut observer chez une patiente présentant un SOPK ?
Quand on sait que la sphère gynécologique subit tout déséquilibre hormonal, on comprend que plusieurs origines peuvent conduire au syndrome des ovaires polykystiques. Ce qui explique que les tableaux de signes cliniques soient si variés.
On y retrouve des manifestations gynécologiques, psychologiques et/ou métaboliques. Donc certains de ces signes sont visibles et objectivables, d’autres sont subjectifs et seule la patiente peut les identifier.
- Signes physiques externes :
- Une prise de poids : avec une difficulté à le perdre et à gérer son poids de forme. Ce poids est centré au milieu du corps, près des organes vitaux.
- Une perte de poids : Le SOPK est souvent associé à la prise de poids, notamment par rapport à la résistance à l’insuline. Il existe malgré tous des femmes qui perdent du poids et qui ont du mal à le contrôler.
- De l’hirsutisme. C’est un des principaux symptômes : une pilosité excessive au niveau du visage (moustache, menton, joue…), des bras, du dos, de la poitrine, des orteils, de l’abdomen.
- Une perte de cheveux
- Des troubles cutanés : Le plus répandu est l’acné, ce qui est dû au taux élevé d’androgènes. Mais on retrouve aussi les acrochordons (défauts de peau = boules de peau qui dépassent, signe de résistance à l’insuline) ou les taches brunes.
- Signes internes :
- anxiété, sautes d’humeur, fatigue, dépression,
- infertilité ; Elle n’est pas systématique mais le SOPK est l’une des premières causes d’infertilité. Et c’est généralement lors d’un parcours PMA que le diagnostic de SOPK est donné. Pour autant, réguler son SOPK et ainsi permettre au cycle gynécologique d’avoir une belle régularité avec des ovulations effectives aide bien même en parcours PMA !
- résistance à l’insuline ; il s’agit d’une moindre réponse de vos cellules à l’insuline. Quand il y a trop de sucre dans le sang, le pancréas produit de l’insuline pour donner le message aux cellules de stocker ce sucre. Quand ce message est trop souvent transmis, les cellules y deviennent insensibles. Il faut alors plus d’insuline dans le sang pour maintenir un taux de sucre dans le sang correct. C’est le syndrome de résistance à l’insuline. Et c’est une sorte de « pré-diabète ».
- aménorrhée, cycles anarchiques ; Les règles sont le résultat d’un cycle complet avec une ovulation. C’est l’absence de nidation d’un embryon qui va provoquer la chute hormonale et les menstruations. Dans le cas des ovaires polykystiques, on comprend que le fonctionnement des ovulations est perturbé et donc les règles le sont tout autant.
- Des douleurs pelviennes et des saignements : Contrairement aux idées reçues, le SOPK peut être douloureux. Les douleurs peuvent être chroniques, en lien avec le volume augmenté des ovaires. Mais aussi, ces douleurs peuvent apparaitre au moment des menstruations lorsque la congestion pelvienne est la plus importante. Dans tous les cas de saignement en dehors des menstruations, on consultera bien entendu un médecin pour vérifier de quoi il s’agit. En fait, le cycle étant chaotique, et les règles étant le reflet du déroulement du cycle, on comprend que les menstruations puissent être compliquées chez les patientes SOPK. De plus, lorsque l’ovulation n’est pas efficace ou que le follicule qui a ovulé est de moins bonne qualité, on aura une moindre production de progestérone. Ce déséquilibre entre progestérone en défaut et œstrogènes va alors provoquer des signes tels que le syndrome prémenstruel. Enfin, la phase pré-ovulatoire des SOPK peut être longue avec plusieurs vagues de montée d’œstrogènes/LH non suivies d’ovulation. Ce sont ces chahuts hormonaux qui peuvent donner notamment des saignements entre les règles.
- Des troubles du sommeil : Dans le cas du SOPK, il a été recensé différents troubles du sommeil, notamment de l’apnée du sommeil, des insomnies… D’ailleurs les taux de mélatonine chez les femmes souffrant de SOPK seraient moins importants que la moyenne. C’est assez intéressant à noter notamment lorsqu’on a un projet d’enfant et qu’on souhaite à améliorer la qualité de ses ovocytes. Je vous laisse un podcast en anglais pour approfondir le sujet.
Non pas UN SOPK mais DES SOPK!
L’association END’OPK récapitule les différents types de syndrome des ovaires polykystiques sous 4 catégories dépendant du mécanisme de survenue :
- Insulino-résistant, niveaux d’insuline élevés ; il s’agit du syndrome métabolique. Cela provoque une augmentation des androgènes qui perturbent donc les ovulations. Ce sont près de ¾ des SOPK et donc la version la plus courante. Pour vérifier une insulino-résistance il faut à la fois tester la glycémie et le taux d’insuline dans le sang. En effet, pendant de nombreuses années, la glycémie peut rester à un niveau élevé mais toujours dans la fourchette de ce qui est accepté et, pour autant, voir qu’il faut que votre corps produise beaucoup trop d’insuline pour arriver à ce résultat. L’indice HOMA rend compte justement du rapport entre glycémie et insuline. On le suspecte particulièrement quand vous présentez : pilosité, acné, prise de poids et difficulté à perdre du poids, envie de grignoter…
- Inflammatoire ; une inflammation chronique provoque un stress qui conduit à une augmentation des androgènes. Les stresseurs peuvent être émotionnels, psy, alimentaires, physiques. C’est cet état inflammatoire qui va perturber l’ovulation et augmenter le taux d’androgènes. On y pense en particulier quand vous présentez des signes cliniques très globaux tels que de la fatigue, des troubles digestifs, des douleurs articulaires, des maux de tête et des migraines, des douleurs menstruelles, des troubles cutanées comme de l’eczéma ou du psoriasis…
- Surrénalien (ou adrénal) ; C’est une augmentation des androgènes et surtout de la DHEA directement par une suractivité de ces glandes du stress qui interviennent de toute façon aussi dans les autres cas. Mais ici, ce sont elles qui sont à l’origine du déséquilibre et pas seulement un acteur secondaire. On pense à ce type de SOPK chez les patientes avec un fort terrain anxieux et/ou stressé, souvent avec un indice de masse corporel faible.
- Post-pilule ; après avoir coupé les cycles avec la pilule contraceptive, l’arrêt de ces hormones provoque une réaction avec augmentation des androgènes car le système hormonal se trouve déséquilibré sans cette béquille. Ce serait le SOPK le plus simple à régulariser. Il est souvent peu diagnostiqué car on vous conseille d’attendre que les cycles se remettent en place après l’arrêt de ce traitement hormonal. On y pense en post-pilule et surtout quand les cycles étaient réguliers avant la prise de contraception hormonale. On a alors des symptômes de type acné, pilosité, …
Ce sont les tests sanguins qui permettent de savoir quelle est l’origine de votre SOPK. Et c’est à partir de votre profil qu’on met en place la stratégie d’accompagnement.
SOPK et mélatonine
La docteure Stefanski explique ici comment la mélatonine intervient non pas seulement sur la qualité du sommeil mais aussi sur la qualité ovocytaire.
Podcast
Arrêt de la pilule
Le blog Ma Vie Après parle de façon simple et pratique de l'arrêt de la pilule et revient pas mal sur le SOPK post-pilule. Une petite source d'informations utiles!
Ma Vie Après
Comment traite-t-on un SOPK?
Maintenant qu’on a été clair sur la complexité de ce syndrome qui ne se limite pas aux ovaires, on comprend qu’il va falloir organiser une prise en charge multidisciplinaire pour répondre aux symptômes variés. Et on comprend aussi que chaque cas est unique et qu’il va falloir trouver votre équilibre à vous.
Le SOPK n’a pas vraiment de traitement médical.
En première intention devant les signes cliniques les plus visibles (douleurs pelviennes et cycles irréguliers), votre médecin vous proposera souvent la pilule contraceptive. Ce traitement hormonal a pour but de mettre les ovaires au repos et de vous donner de faux cycles avec des pertes de sang régulières qui ne sont pas vraiment des règles. Cela va permettre de prévenir une hyperplasie de l'endomètre. En effet, si les règles ne surviennent jamais, l'endomètre continue lui de se développer. A terme, cela constitue un risque de cancer de l'endomètre. C'est pourquoi la pilule peut être considérée comme un moyen de contraception bien sûr, et un traitement symptomatique du SOPK. Dans tous les cas, la pilule cache le problème et prévient ses effets secondaires mais ne le règle pas.
Quand il y a un désir d’enfant, on vous propose un recours à la Procréation Médicalement Assistée (PMA) mais, souvent, pas une explication et une régulation de votre déséquilibre hormonal. Le but de la PMA est de vous faire faire un enfant un peu malgré votre santé. Et c’est très bien quand c’est votre objectif. Mais cela ne traite pas le SOPK.
Les compléments alimentaires sont une bonne aide pour réguler le système hormonal, améliorer votre sommeil et la résistance à l’insuline. Mais vous ne prendrez probablement pas tout à fait les mêmes compléments que votre copine qui a aussi un SOPK car chaque cas est unique. C’est pourquoi, il vaut mieux se faire accompagner notamment par un.e micronutritionniste ou un.e naturopathe spécialisée sur le système hormonal.
L’activité physique est aussi une aide excellente pour retrouver un équilibre hormonal. Une activité physique régulière aide à stabiliser notamment les symptômes d’insulino-résistance et à maintenir le système cardio-vasculaire en bonne santé. Néanmoins, le sport très intense et pratiqué lorsqu’on est fatigué provoque une boucle de réaction du stress. Et c’est précisément ce qu’on cherche à éviter dans le cas du SOPK. Comme beaucoup de patientes souffrant de SOPK ont également un problème de prise de poids, on les renvoie souvent à des régimes très restrictifs (qui vont stresser le corps) et à ce genre de pratique sportive. On comprend maintenant combien c’est délétère pour l’équilibration de votre terrain hormonal.
Donc pour pratiquer une activité physique, on pratique une activité modérée, agréable pour vous et quand votre état de forme est objectivement de 7/10 et au-delà. Sinon, une marche de 30 min suffira bien à remplir les objectifs tout en évitant de vous déséquilibrer davantage.
Je vous donne des conseils généraux en fonction de votre type de SOPK :
SOPK, après le diagnostic, quelles solutions?
Dans le 8e épisode de ce podcast, la docteure MOSBAH parle de la prise en charge multidisciplinaire du SOPK de façon pédagogique et complète. Une vraie base de départ pour les patientes qui découvrent leur maladie!
SOPK'OI
Comment agir sur un SOPK insulino-résistant ?
La clé c’est l’hygiène alimentaire et l’activité douce. Il faut éviter à tout prix les pics d’insuline et les crises d’hypoglycémie.
On adopte alors une alimentation à indice glycémique bas du type de ce qu’on propose aux diabétiques : arrêt des sucres rapides et transformés, augmentation des fibres pour lisser l’absorption intestinale, …
Les conseils du livre Faites votre Glucose Revolution de Jessie INCHAUSPE vous donne également des conseils pratiques pour éviter les pics de sucre!
Le jeun alternatif peut être envisagé s’il est encadré par un professionnel de la nutrition. Il aurait un effet très positif sur ce type de SOPK.
Soutenir l’activité du pancréas pour éviter son épuisement qui conduirait à un diabète. Le pancréas a besoin de chrome pour fonctionner. On le retrouve surtout dans le jaune d’œuf.
Un bon sommeil est essentiel à la régulation de l’insuline. La mélatonine pourra être une bonne aide si votre sommeil est léger ou que vous avez des problèmes d'endormissement.
En parallèle, certains compléments alimentaires proposent du Myo-Inositol : en effet, les patientes SOPK seraient carencées en myo-inositol qui permet d’améliorer la sensibilité à l’insuline. Ainsi, le myo-inositol est la molécule la plus préconisée aux patientes avec SOPK. De plus, elle améliore la qualité des ovocytes quand elle est en bonne concentration dans le liquide folliculaire.
Comment agir sur un SOPK inflammatoire ?
Il s’agit surtout de mener l’enquête pour trouver la source de l’inflammation afin d’arrêter l’agression.
Ça peut être difficile seul.
Lors de mes consultations, on ressent les zones de très grandes tensions et on peut déjà vous aiguiller sur cette enquête. Un.e naturopathe pourra également examiner avec vous tous les aspects de votre quotidien afin d’identifier les facteurs probablement responsables.
Pour réguler une inflammation chronique, en plus de votre suivi ostéopathique, je trouve très intéressant de combiner une alimentation anti-inflammatoire, une hydratation suffisante (ça semble simple mais c’est rarement appliqué…), une activité sportive douce avec un grand volet d’étirement.
Comment agir sur un SOPK surrénalien ?
La clé va être ici la régulation du stress en général : sophrologie pour la gestion des émotions, pratiques quotidiennes de respiration, méditation voire yoga / postures pour calmer les surrénales et le cerveau.
Je vous conseille aussi souvent la cohérence cardiaque : 5 min de respiration 3 fois par jour pour maintenir un bon équilibre entre votre système du stress et celui du repos.
Aussi, certaines plantes ont un effet régulateur sur le fonctionnement des surrénales (ashwagandha ou rhodiola). C’est pourquoi un.e naturopathe ou un herboriste peut vous aider dans ce cas particulier.
Comment agir sur un SOPK post-pilule ?
Le but dans ce cas précis est de soutenir le corps qui cherche un nouvel équilibre hormonal : ainsi on assure une période avec suffisamment de sommeil, une alimentation diversifiée et riche en vitamines et minéraux, on peut palier aux carences nutritionnelles (notamment en folates) avec des compléments avec l’aide d’un.e micronutritionniste et surtout on met en place une activité physique quotidienne.
Dans tous les moments de chaos hormonal, l’activité physique a fait ses preuves en tant que régulateur efficace. Le yoga féminin ou le yoga hormonal sont de mon point de vue des pratiques de choix dans ces cas-là.
On gardera en tête que le foie élimine les hormones de synthèse, mais contribue beaucoup à la production des hormones sexuelles (en fournissant les molécules nécessaires à leur confection) et régule les taux d’hormones circulantes. Selon ce qu’on trouve lors de votre consultation d’ostéopathie, on pourra aussi envisager de soutenir la fonction hépatique avec des exercices spécifiques ou des plantes.
Qu’est-ce que l’ostéopathie peut faire dans le cas d’un syndrome des ovaires polykystiques ?
Le premier but de votre ostéopathe à Bordeaux va être de limiter les agresseurs, tout ce qui peut mettre en état d’alerte le corps.
En effet, tout « blocage », perte d’efficacité et de mobilité va envoyer des signaux d’alerte à votre corps. Quel que soit le cas de SOPK, on a de toute façon un fonctionnement excessif des glandes surrénaliennes qui gèrent ce stress. Ainsi, toute action permettant de réduire le niveau de stress de votre corps va aider à harmoniser le système hormonal.
Ensuite, il s’agit de trouver la ou les glandes hormonales qui participent à ce déséquilibre et nous assurer que leur fonctionnement physique est optimal via leur mobilité intrinsèque, leur vascularisation et leur innervation. Quand la glande est libre de fonctionner et que les moyens de commande le sont aussi, on se dit que tout est ok pour permettre le retour à un état d’équilibre. Ainsi, il est fréquent que je travaille sur une thyroïde, un pancréas ou les surrénales directement.
Dans le cas particulier des symptômes gynécologiques, votre ostéopathe va aussi s’attacher à travailler sur le dialogue entre cerveau et ovaires, sur la vascularisation propre des annexes gynécologiques, et sur la décongestion de la zone pelvienne.
Sources
- Sur le site AMELI, en plus des définitions, vous retrouverez le descriptif des examens médicaux qui peuvent être réalisés dans le cadre d'une suspicion de SOPK: https://www.ameli.fr/gironde/assure/sante/themes/syndrome-ovaires-polykystiques/symptomes-diagnostic-evolution
- Association de patientes : https://www.asso-sopk.com/
- ENDOPK est une association de professionnels autour des questions des pathologies gynécologiques telles que endométriose et SOPK : https://endopkandco.org/le-sopk-symptomes-diagnostic-et-differents-types/
- Association SOPK EUROPE est la nouvelle version d'Esp'OPK, une association de patientes très active sur la lutte contre le SOPK : https://www.sopkeurope.org