Vivons-nous une crise du sperme? Arte
ARTE nous invite à entrevoir la problématique de l’évolution de la qualité spermatique à travers un épisode de « La réponse à presque tout ».
Etat des lieux de la qualité spermatique
La qualité du sperme s’évalue en termes de
- quantité d’éjaculat,
- concentration en spermatozoïdes,
- rapport du nombre de spermatozoïdes de forme typique sur les spermatozoïdes de forme atypique (malformés, peu/pas mobiles).
Un homme produit dans sa vie environ 500 milliards de spermatozoïdes sous la commande d’hormones produites par les glandes hypothalamo-hypophysaire et la testostérone produite par les testicules principalement.
Ainsi, on ne s’est inquiété que récemment de la baisse significative de la qualité du sperme car il semblait que les spermatozoïdes étaient si nombreux que la fertilité ne pouvait pas être impactée par une cause masculine.
Pourtant, le nombre de spermatozoïdes par mL d’éjaculat a diminué de moitié en 40 ans ! Si on conservait ce rythme de dégradation de la qualité du sperme, l’être humain ne pourrait plus se reproduire d’ici 50 ans. Et pour le moment aucune donnée n’indique un ralentissement de ce déclin.
En suisse, une étude montre que 58% des hommes sont en dessous des normes fixées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui est de 15 millions de spermatozoïdes par mL d’éjaculat.
Le documentaire s’interroge alors sur la possibilité d’une crise du sperme.
Quelles sont les causes possibles de cette diminution de la qualité spermatique ?
- 1e piste : une mauvaise hygiène de vie.
La fertilité est une fonction organique qui est secondaire aux fonctions dédiées à la survie dans le corps humain. Ainsi, le sperme reste un bon miroir de la qualité de vie d’un individu : une mauvaise alimentation, trop de stress, pas assez de sommeil, … sont autant de facteurs qui viendraient impacter la qualité du sperme.
Pourtant, l’alimentation serait en général plus saine qu’il y a 20 ans. De la même façon les habitudes de consommation du tabac et de l’alcool auraient sensiblement diminuées.
Les chercheurs sont donc divisés sur ce point
Mais ce qui est vrai dans la population générale est-il vrai dans les cas particuliers ? Et si cette baisse de la qualité du sperme résultait d’un ensemble de facteurs ?
- 2e piste : la pollution environnementale.
Certaines molécules se comportent comme des hormones : on les appelle des perturbateurs endocriniens. Parmi ces molécules, les phtalates sont une famille qui ont un fonctionnement proche des œstrogènes. On les trouve dans les plastiques souples, la nourriture industrielle, certains parfums et produits en contenant.
Le taux de phtalates dans le sang est directement corrélé à une diminution du taux de testostérone. On comprend que ça interfère donc avec la qualité spermatique de façon directe.
De plus, une étude a montré que les femmes enceintes qui sont les plus exposées à ces phtalates ont plus de probabilité d’avoir des nourrissons avec des malformations génitales, et une diminution de la distance anogénitale.
En effet, les hommes et les femmes n’ont pas la forme de bassin osseux : les hommes ont des bassins étroits et longs sur la distance entre anus et scrotum alors que les femmes ont des bassins larges et courts sur la distance entre anus et vulve. Cette différenciation des bassins en fonction du sexe se fait à la fin du 1er trimestre de grossesse.
Or, on constate dans une étude récente que cette distance anogénitale a tendance à diminuer et qu’il existe un lien direct avec la diminution de la concentration en spermatozoïdes. Car les testicules ont besoin d’être maintenu à une température de 1 à 2°C inférieure à celle du corps pour bien fonctionner. Et cette diminution de la distance ano-génitale tend donc à donner un environnement trop chaud aux testicules.
- 3e piste : le stress
On constate que la diminution de la qualité spermatique concerne a priori les pays occidentaux industrialisés.
Certains chercheurs mettent en cause le stress endémique de nos modes de vie. En effet, dans un premier temps, ce stress augmente les taux d’hormones du stress et diminue les taux d’hormones sexuelles telles que la testostérone.
Puis ces hormones du stress agissent sur les cellules musculaires responsables de l’éjaculation et affectent donc la mécanique de la reproduction.
Comment augmenter la qualité spermatique ?
Ces études recherchent le pourquoi. Le documentaire n’apporte pas vraiment de réponse sur le comment améliorer la situation.
Pourtant, il évoque que plusieurs études démontrent qu’un régime alimentaire sain permet d’augmenter la quantité des spermatozoïdes.