Comment choisir son accouchement?
Elisa BOILLOT est une sage-femme qui est devenue ostéopathe.
Elle est interviewée par Etienne Bulidon dans le podcast « Et surtout la santé » au sujet de l’accouchement.
Entre explications des mécanismes biomécaniques et biochimiques de cet évènement clé de la grossesse et les messages rassurants d’un optimisme indéfectible porté par un rire solaire, Elisa BOILLOT aborde plusieurs problématiques autour de l’accouchement. Voici les grandes lignes d’une interview à écouter.
Donner des informations utiles et essentielles pour choisir son accouchement
Au départ Elisa BOILLOT revient sur la définition de l’accouchement physiologique. Il s’agit d’un accouchement où la femme est libre de ses mouvements jusqu’à une dilatation du col entre 6 et 8.
Pour choisir en conscience la façon dont on veut accoucher, encore faut-il connaître les différentes alternatives et les implications d’une sur-médicalisation.
Pour trouver un compromis entre la physiologie de la naissance et le tout médical, Elisa nous livre donc quelques informations sur les actes médicaux.
Ces derniers sont les résultats d'avancées majeures dans l'accompagnement de l'accouchement qui sort de la physiologie. Ainsi, ils ne devraient pas être proposés de façon systématique.
- percer la poche des eaux : ça peut être intéressant pour déclencher le travail quand les contractions sont trop longues et que la mère et l’enfant s’épuisent. Mais la poche des eaux est aussi une sorte d’airbag, qui permet de pousser plus gentiment sur le périnée que ne le ferait la tête du bébé directement. Quand la poche est percée tôt, l’accouchement est plus douloureux pendant plus longtemps.
- L’ocytocine de synthèse permet un travail plus efficace et est souvent proposé dans la perfusion. Mais cette ocytocine qui ne vient pas du cerveau maternel ne peut pas remonter et atteindre le cerveau de la maman. On n’a donc pas tout le rôle de l’ocytocine avec cette version. En effet, l’ocytocine a notamment comme rôles centraux : l’attachement, l’allaitement, c’est aussi est l’hormone du bonheur, de la confiance en soi, elle nous permet de créer des projets.…
Il existe néanmoins des façons de compenser cette baisse de production naturelle d’ocytocine à cause de l’ocytocine de synthèse : les caresses, le « peau à peau », ou le massage aréolaire. On fait ce genre de stimulations quand il y a une pause dans le travail ou lors de la mise au sein du nouveau-né afin de faciliter la bonne prise du mamelon par le bébé. Par la suite, en ostéopathie, on pourra également travailler sur les problématiques d’attachement.
- La rupture des membranes ; elle devrait se faire seulement en cas de stagnation dans la dilatation du col ou si le bébé présente une difficulté et qu’on a besoin de savoir si le liquide amniotique est clair ou teinté.
- la péridurale ; elle n’est pas le seul outil pour diminuer et tolérer les douleurs de l’accouchement. Elle accélère effectivement la première partie du travail liée à la dilatation mais son impact sur la tonicité musculaire, sur le ressenti du réflexe de poussée et la qualité des poussées peut ralentir la phase finale. Si la péridurale est une révolution médicale, il faut savoir que le taux d’instrumentalisation augmente avec la péridurale.
- L’épisiotomie touche les fibres musculaires du périnée car elle est effectuée en biais afin d’éviter de relier la vulve et l’anus. La déchirure naturelle se fait dans les fibres du noyau fibreux central et c’est pourquoi la cicatrisation est plus facile. Pour éviter une épisiotomie, on travaille en ostéopathie avant l’accouchement (9e mois) pour libérer le bassin et le coccyx car c’est de leur mobilité que dépend celle du périnée. La position d’accouchement influe aussi beaucoup sur la mobilité du périnée. Si vous accouchez sur le dos, pieds dans les étriers, alors les ischions sont rapprochés et il y a un appui sur le sacrum qui le fixe. Donc cette position engendre un bassin immobile et fermé sur son détroit inférieur. Pour rattraper ce défaut de mobilité, c’est la tête du bébé et le périnée maternel qui vont compenser les excès de compression. De plus, Elisa revient sur les efforts de poussée parfois mal dirigés sous l’effet de la peur et de la péridurale qui ne laisse de sensibilité que dans la région anale.
L’accouchement est quelque chose de physiologique.
Cette interview est donc en faveur de la physiologie autant que possible mais elle souligne que la prise en charge médicale peut être nécessaire.
Je vous invite en parallèle à lire le livre « Attendre bébé… Autrement » de Catherine Piraud-Rouet et Emmanuelle Sampers-Gendre : divisé en trimestre, il vous donne des informations importantes sur le déroulé de la grossesse mais aussi des informations pour être actrice de sa grossesse et de son accouchement en pleine conscience. Dans le chapitre 1er trimestre, vous retrouverez les informations importantes sur les effets positifs et moins désirables des actes médicaux proposés probablement de façon trop systématique aujourd’hui.
Qu’apporte l’ostéopathie pendant la grossesse d’après cette sage-femme ostéopathe?
La clé c'est l'adaptation !
L'ostéopathie a pour vocation de restaurer les capacités d'adaptation du corps. Et c'est pourquoi cette prise en charge est particulièrement indiquée chez la femme enceinte qui voit son corps évoluer chaque jour jusqu'à l'accouchement.
Elisa fait alors la liste des indications de la prise en charge ostéopathique des femmes enceintes :
- Accompagnement de la physiologie et des systèmes d’adaptation
- Réadaptation de la posture
- Rééquilibration du ventre et du schéma corporel
- Circulation des liquides
- Soutient du système nerveux autonome
- Travail sur le système digestif et l’estomac
- Prévention de la descente d’organes
- Faire de la place au bébé
- Travail en faveur de la nutrition du bébé via les artères utérines et le placenta
Bref, l’accompagnement ostéopathique vise le bien-être de la maman et du bébé pendant la grossesse. On prévoit des consultations au 4e, 6e, 8emois et 15 jours avant l’accouchement mais on peut intervenir à la demande quand une douleur s’installe. L’ostéopathie est d’autant plus efficace chez la femme enceinte que son imprégnation hormonale lui permet de retrouver facilement un nouvel équilibre après libération des blocages.
Chant prénatal
Elisa Boillot revient aussi sur son accompagnement en chant prénatal et ce qu’il apporte lors de l’accouchement. On notera de son interview que :
- Faire des sons graves permet de faire vibrer le bassin et de libérer des endorphines antidouleur (comme lors d’un effort sportif),
- Certains sons permettent d’orienter le bassin pour faciliter la sortie de l’enfant
- La position du diaphragme bas permet de potentialiser les contractions utérines en appuyant sur le fond utérin et sur les fesses du bébé.
Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime dans les tissus.
Ecouter le podcast…
… C’est écouter une conversation accessible à tous et très intéressante sur la question de l'accouchement et de sa médicalisation.
Préparer son projet de naissance est une façon d'être pleinement acteur de cet accouchement.
Le podcast est ici :
Podcast "Et surtout la santé"